Rencontre avec Boris BedeLe seul français de la Ligue canadienne sera prêt pour sa 2e année pro

Boris Bede, des Alouettes de Montréal
Boris Bede, des Alouettes de Montréal
le 15/03/2016 à 02:06 par Benoit Harbec

 

C’est dans quelques mois que débutera le camp d’entraînement des Alouettes de Montréal. Le premier match de la saison aura lieu quant à lui le 24 juin à Winnipeg, mais leur botteur, le français Boris Bede est déjà à l’œuvre pour se préparer pour sa deuxième saison chez les pros. Nous en avons profité pour le rencontrer. Il nous a généreusement accordé une entrevue, nous permettant de revenir son parcours.

FA.com : Comment t’es-tu retrouvé à l’Université Laval? Quel était ton lien avec le football (américain et/ou canadien) avant de t’aligner avec le Rouge et Or?

BB : Je suis allé aux États-Unis pour rejoindre mon père en 2005. Au high school, le botteur de l’équipe a dû être remplacé d’urgence en raison d’un AVC. On m’a demandé de prendre sa place.

J’ai ensuite passé deux ans à Tiffin University, en Ohio, un comme « red shirt » (NDLR faisant partie de l’équipe mais pas éligible pour les matchs) et un autre dans l’alignement régulier. Après, je suis retourné en France pendant un an.

Un ami canadien m’a alors suggéré de tenter ma chance de ce côté. Le contact s’est fait avec Glen Constantin, l’entraîneur du Rouge et Or de l’Université Laval, à Québec. Par contre, pour que le poste de botteur se libère, il fallait que le botteur en place, Christopher Milo, passe chez les pros.

Le plan B était de jouer au foot/soccer à l’Université de Sherbrooke.

Milo s’est finalement taillé un poste chez les Roughriders de la Saskatchewan et j’ai passé quatre années fantastiques à Québec. J’y ai été accueilli à bras ouverts et l’équipe a remporté beaucoup de succès, avec deux victoires à la Coupe Vanier (le titre universitaire national).

FA.com : Comment s’est passée l’entrée en contact avec les Alouettes de Montréal? As-tu été interrogé / sollicité par d’autres équipes?

BB : En tant que non canadien, je n’avais pas à être soumis au repêchage (ou draft). Comme pour les joueurs américains, les équipes de la Ligue canadienne de football (LCF) pouvaient m’inscrire sur leur liste de négociation, ce que les Alouettes ont fait en 2013. Mes droits en LCF devenaient donc leur propriété. J’ai disputé une dernière saison à Laval en 2014 et j’ai signé avec les Alouettes en 2015.

FA.com : Quel était ton objectif en arrivant au camp l’an dernier, étant donné qu’il y avait déjà un botteur vétéran (Sean Whyte) en place?

BB : Ce que je voulais, c’était de jouer pro. Je m’entraînais avec cet objectif en tête et je ne voulais pas rater ma chance.

Pour ce qui est de Whyte, c’était un vétéran apprécié de ses coéquipiers. De plus, en tant que canadien, il possédait un autre avantage, en raison du ratio. (NDLR Les équipes de la LCF doivent aligner au minimum 21 joueurs canadiens.)

FA.com : Comment s’est passé le camp? Comment as-tu appris que tu faisais l’équipe? As-tu été surpris de la décision?

BB : Il y avait deux botteurs au camp des recrues. Ils m’ont gardé pour le camp régulier, où il y avait quatre botteurs. Je me suis concentré sur ce que j’avais à faire. Finalement, aux dernières coupures, l’entraîneur des unités spéciales, Kavis Reed, m’a annoncé que je faisais l’équipe.

FA.com : Que représentait pour toi le match présaison à Québec, où tu as fait ton stage universitaire? (Il s’agissait seulement de la deuxième fois où un match présaison de la LCF y avait lieu.) Avais-tu un groupe d’ex-coéquipiers et / ou d’amis dans les estrades?

BB : Pour moi, il s’agissait d’un contexte idéal. J’ai passé des années merveilleuses à Québec. Bien sûr qu’il y avait d’ex-coéquipiers sur place. Par contre, c’était particulier de ne pas être à leurs côtés sur le terrain.

Les gens de Québec m’ont réservé une ovation debout à mon entrée dans le match, au deuxième quart, ce qui m’a fait chaud au cœur.

FA.com : Comment te sentais-tu à ton premier match régulier, contre Ottawa?

BB : En fait, je me sentais plus nerveux au match présaison, à Québec devant les gens que je connais, qu’au premier match officiel, à Montréal.

FA.com : Comment as-tu réagi lorsque l’équipe a libéré Sean Whyte?

BB : Ça représentait une belle marque de confiance. La saison a débuté avec deux botteurs, Whyte et moi. L’équipe aurait pu diviser la tâche et en utiliser un pour les bottés de précision et un autre pour les bottés d’envoi et de dégagement. Mais au cours des premiers matchs, c’est moi qui jouais, même si Whyte était toujours avec l’équipe. En libérant Whyte, il n’y avait plus d’alternative et on confirmait ma place.

C’était probablement mieux ainsi pour Whyte. D’ailleurs, il s’est trouvé du boulot avec les Eskimos d’Edmonton peu de temps après.

FA.com : Parle-nous de ta progression au cours de la saison. Qu’as-tu dû adapter à ton jeu pour réussir ton passage chez les pros?

BB : Pour les entraînements, on travaille plus sur la qualité que la quantité. De plus, la préparation mentale est plus importante.

FA.com : Quelles sont les plus grandes différences entre le niveau universitaire et le niveau professionnel (autant sur le terrain qu’à l’extérieur)?

BB : Le foot lui-même ne change pas. Par contre, on pardonne plus facilement une erreur au niveau universitaire que chez les pros.

Il faut dire que la situation à Laval est particulière. Le Rouge et Or offre un encadrement de haut niveau. L’équipe est suivie et bénéficie d’une bonne couverture médiatique. Ceci constitue une excellente préparation pour la suite, que ce soit chez les pros ou dans la vie en général.

FA.com : Quel est le fait saillant ou le point culminant de ta saison?

BB : La victoire à Hamilton, le 27 août, était particulière. Les Tiger-Cats avaient remporté leurs dix premiers matchs dans leur nouveau stade. Nous leur avons infligé leur première défaite, 26-23, où j’ai réussi le placement décisif à la toute fin.

FA.com : Quelle est ta plus grande déception?

BB : Ne pas faire les séries. On peut faire mieux que ce qu’indique notre fiche (6-12).

FA.com : Quelle est ton analyse de la saison (personnelle et équipe)? Tu as tout de même été choisi au sein de l’équipe d’étoiles de l’est et recrue de l’année chez les Alouettes.

BB : Ce sont de beaux accomplissements personnels mais ils sont moins importants que les résultats de l’équipe. J’échangerais ces honneurs contre une participation aux séries.

FA.com : Que comptes-tu faire pendant l’entre-saison?

BB : Je reviens de deux mois en France. Maintenant, je m’entraîne de mon côté, en attendant le camp.

FA.com : Comment vois-tu l’année prochaine?

BB : Je m’entraîne et je sais ce que j’ai à faire. Chez les professionnels, nous avons plus d’autonomie.

Au niveau de l’équipe, nous devrions avoir plus de stabilité au niveau des entraîneurs. Et pour ce qui est des performances, on ne peut que faire mieux.

FA.com : Merci énormément, et bonne saison.

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 Le football est un sport invraisemblable. Parfois c'est tellement invraisemblable que c'est incroyable.  – Tom Landry, coach légendaire des Dallas Cowboys

En VO :  Football is an incredible game. Sometimes it's so incredible, it's unbelievable. 

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