Flag/Euro2013 : coup double pour l'Autriche ?Interview de Sebastian Wolf

Champions du monde 2012
Champions du monde 2012
le 18/09/2013 à 21:33 par François-Noël Martin

J-4 avant le coup d'envoi de la sixième édition du championnat d'Europe de Flag. Nous concluons aujourd'hui notre série d'interviews d'avant-compétition avec Sebastian Wolf, joueur autrichien champion du monde en titre, qui a accepté de répondre à nos questions

Bonjour Sebastian. Pourrais-tu tout d’abord te présenter ?

J’ai 21 ans et je joue au poste de SafetySafety
Signifie deux choses différentes :
1- c'est le plaquage du porteur du ballon dans sa propre zone d'en-but. Cela rapporte 2 points à l'équipe qui l'effectue et elle récupère la possession du ballon. L'équipe victime du safety va alors dégager depuis ses 20 yards au moyen d'un botté façon puntPunt
action utilisée en 4ème tentative et x yards à parcourir. Plutôt que de tenter les x yards, l'attaque choisit de botter le plus loin possible pour faire reculer son adversaire.
.
2- c'est un poste en défense. Le safety est en quelque sorte le dernier rempart. Il tient en quelque sorte le rôle d'un libéro en football européen.
pour l’équipe nationale d’Autriche et les Klosterneuburg Indians.

J’ai commencé à jouer au Flag Football lorsque j’avais 12 ans. Un professeur de mon collège nous a fait découvrir ce sport, que j’ai immédiatement aimé. Mon école disposait d’équipes dans les catégories U13 et U15. Après cela, nous devions rejoindre un club si nous voulions continuer à jouer au Flag. En 2006, je participais au championnat d’Europe U15 à Newcastle (Grande-Bretagne). Après avoir été champion d’Autriche en 2007, nous avons remporté le championnat d’Europe « NFL Europe » à Francfort (Allemagne) et nous nous sommes classés au cinquième rang du championnat du monde NFL qui a eu lieu à la Nouvelle-Orléans. L’équipe nationale U15 a ensuite remporté la médaille de bronze du championnat du monde IFAF aux Pays-Bas. Ce que j’aime par dessus tout lors de ces compétitions internationales, c’est qu’on peut y affronter des gens qui viennent des quatre coins du monde et qui partagent la même passion que nous : le Flag Football !

J’aurais ensuite pu rejoindre l’équipe nationale autrichienne lors du championnat du monde 2008 à Montréal (Canada). Mais je n’aurais pas pu jouer car je n’avais que 15 ans à ce moment là. J’ai donc effectué mes débuts internationaux en 2010, lors du championnat du monde à Ottawa (Canada). Cela a été une bonne expérience pour moi. L’année suivante, nous nous sommes classés à la seconde place du championnat d’Europe à Thonon-les-Bains (France), en perdant en finale contre le Danemark.

Sebastian Wolf
Sebastian Wolf (Kellner Holly Thomas)

Comment s’est passée cette dernière saison ?

Je joue aux Klosterneuburg Indians, une équipe localisée à Vienne. Plusieurs de mes partenaires sont également internationaux. L’année dernière, nous nous sommes inclinés en finale contre les Styrian Studs au terme d’une rencontre épique (40-39) ! Cette saison a été particulièrement enrichissante et nous espérons bien reconquérir notre trône dès cette année !

L’été dernier, en Suède, l’Autriche remportait le championnat du monde de Flag, en battant en finale les Etats-Unis, tenants du titre. Dans quel état d’esprit étiez-vous avant de jouer ce match ?

Malheureusement, je me suis blessé à  la cheville quelques semaines avant d’aller à Göteborg. J’espérais être rétabli à temps pour pouvoir jouer, mais les médecins ne m’ont pas donné leur feu vert. Je suis quand même allé en Suède pour aider mon équipe, en observant nos adversaires, en encourageant mes partenaires et en les aidant à se préparer pour chacune des rencontres. Après notre victoire en demi-finale contre le Mexique, et une fois que nous savions que nous allions jouer contre les Etats-Unis, les fondateurs du Football Américain, nous nous sommes dit que tout était possible sur une finale…

La fin de cette rencontre a été complètement folle, avec une pluie de touchdownsTouchdown (TD)
c'est l'essai qui vaut 6 points et qui peut être transformé au choix à 1 ou 2 points. Il suffit que le ballon pénètre dans la endzone. (pas besoin d'aplatir)
en guise de bouquet final (7 essais en seconde mi-temps). Comment l’as-tu vécue ?

Quand je repense aux dernières minutes de ce match, je me dis que nous étions comme dans un film. Tout allait tellement vite. Les deux équipes donnaient tout sur le terrain et j’étais sûr que mes co-équipiers ne lâcheraient rien et qu’ils allaient tout faire pour gagner.

Qu’avez-vous ressenti au coup de sifflet final ?

Lorsque notre défense a stoppé leur attaque sur leur quatrième tentative à quelques secondes de la fin, nous avons exulté de joie. Nous étions à la fois stupéfaits, abasourdis, et heureux. C’est un sentiment qui n’est pas simple à décrire. C’était à tel point que les gens criaient de joie et se sautaient au cou. Tout le dur labeur que nous avions entrepris en salle de gym, sur le terrain et dans les salles de réunion avait payé. C’était juste génial !

Comment se prépare l’équipe autrichienne pour ce championnat d’Europe ?

Etant donné que les membres de cette sélection ne vivent pas dans la même ville, nous ne pouvons pas nous entrainer aussi régulièrement que le fait l’équipe féminine. Cette année, nous avons eu trois training camps de deux jours chacun. Nos entraineurs y invitent les meilleurs joueurs du pays. Nous avions 20 joueurs au sein de l’effectif. C’était vraiment très dur cette année, car quelques-uns de nos meilleurs joueurs et leaders se sont blessés. Je sais que les coachs ont bâti une bonne équipe. Nous avons travaillé très dur et nous attendons tous avec impatience ce championnat d’Europe pour affronter nos adversaires.

Quel sera votre objectif dans cette compétition ?

Je pense que nous nous sommes bien préparés. Nous avons beaucoup travaillé et nous serons tous à 100% à chaque match de cette compétition. Tant que nous ne faisons pas d’erreurs stupides et que nous ne nous pénalisons pas nous-même avec des fautes ou des drops, nous pouvons aller très loin dans ce tournoi. Personnellement, je suis heureux d’être de retour sur la scène internationale. Regarder les matchs depuis la ligne de touche l’année dernière a été une expérience difficile pour moi. Mais j’ai beaucoup appris au cours de cette épreuve et je pense que cela m’a rendu plus fort.

Vice-champions d'Europe en 2011
Vice-champions d'Europe en 2011 (Grégory Thorens)

Avec votre statut de champion du monde en titre, vous allez forcément être attendus en Italie. Est-ce une pression supplémentaire pour vous ?

Je ne dirais pas que nous avons une pression en plus. Nous savons qu’au niveau international, la compétition est très serrée. Un match peut se jouer sur des détails. Vous devez donc être prêt dès le premier snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
de chaque match si vous ne voulez pas vous compliquer la tâche.

Vous débuterez la compétition avec un match contre la France. Que sais-tu de cette équipe ?

Le premier match est toujours le plus important : il donne le ton pour la suite du championnat ! Les équipes de France que j’ai pu affronter par le passé ont toujours été difficiles à battre. Elles étaient bien coachées, bien disciplinées et se battaient jusqu’à la dernière seconde. J’attends avec impatience cette belle affiche.

A ton avis, qui seront les favoris pour remporter ce championnat ?

Pas facile à dire, chaque année est différente. Bien sûr, il y a le Danemark, la France et l’Italie, qui ont vécu de belles épopées par le passé. Mais il ne faut pas sous-estimer les autres équipes. J’espère seulement qu’il y aura de beaux matchs et que le meilleur l’emportera.

Que penses-tu du niveau général du Flag en Europe au fil des dernières compétitions internationales ?

Le niveau des compétitions en lui-même est bon ! Je me souviens qu’à mes débuts internationaux en 2006, quelques équipes avaient des difficultés avec les bases de la discipline, comme attraper un ballon, déflaguer, etc… Aujourd’hui, toutes ont atteint un certain niveau. J’ai l’impression que le niveau progresse d’année en année. Je pense que le Flag attire de plus en plus de personnes. En Autriche, le nombre d’équipes augmente chaque année. J’aime cette évolution, cela indique que le niveau de compétition va encore plus monter.

 Pour terminer, quel est ton meilleur souvenir de Flag ?

Le choix n’est pas évident. Depuis que j’ai commencé le Flag à l’âge de 12 ans, j’ai eu la chance de faire partie de grandes équipes et j’ai beaucoup de très bons souvenirs. L’un d’entre eux serait sûrement d’avoir pu jouer au centre d’entrainement des Saints de la Nouvelle-Orléans lors du championnat du monde NFL de 2007. Mais aussi, bien entendu, notre victoire au championnat d’Europe U15 en 2007 alors que nous étions juste outsiders. Et je n’oublierai jamais ce qu’il s’est passé l’année dernière à Göteborg. Remporter ce tournoi et être sacré champion du monde, c’est tout simplement énorme !

Sebastian Wolf avec les Klosterneuburg Indians
Sebastian Wolf avec les Klosterneuburg Indians (Barbara Straub)

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 Tu ne peux gagner un match si tu ne marques aucun points  – John Madden (ancien coach au Hall of Fame)

En VO :  You can't win a game if you don't score any points. 

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