La trilogie Steelers-Ravens de 2008 (1/3)Les coulisses

Les têtes pensantes
Les têtes pensantes
le 14/12/2016 à 17:20 par Tili

Cette année, la NFL instaure le Free Game Friday : chaque vendredi, elle partage d’anciens classiques en intégralité sur sa chaîne Youtube. Ambiance Retour vers le Passé. En octobre, dans le cadre de cette initiative, l’AFC Championship 2008 émerge. Un rendez-vous épique où Steelers et Ravens s’affrontent pour la troisième fois de la saison. L’occasion de se remémorer les fondations de l’Âge d’Or d’une rivalité incontournable. Quoi de plus approprié qu’un triple article pour rendre hommage au concept de trilogie ?! Par conséquent, bienvenue dans ce dossier en trois parties, où il sera question des coulisses dans la première.

 

 

Il était une fois dans l’Est, Pittsburgh et Baltimore. Steelers et Ravens. Deux villes. Deux franchises. Deux défenses dominantes. Une division. Une rivalité explosive, qui vit son Âge d’Or entre 2008 et 2011 alors que les deux équipes partagent l’affiche en AFC. Une apogée intensifiée par l’entrecroisement de deux dynasties défensives. Celle des Steelers (2004-12) connaît un second souffle (2009, 2011) d’excellence (2010) et son point culminant (2008), après avoir atteint des sommets (2004) moins élevés (2005). Celle des Ravens (1999-11) s’apparente à la flamme d’une bougie. Autrefois étincelante (1999, 2003, 2004) et incandescente (2000, 2006), elle perd de sa superbe non sans conserver son éclat (2001, 2009, 2010), puis éblouit (2008) une dernière fois (2011) avant de s’éteindre. D’avis personnel, la version 2008 des hommes d’acier fait partie du groupe prétendant au trône sur 16 matchs, celle des corbeaux figure dans la catégorie juste derrière. Ainsi, 2008 symbolise le paroxysme défensif de l’émulation, avec deux escouades aisément dans le top 20 depuis 1978 et qui autorisent leurs couleurs à occuper les premiers rôles. Un état de fait qui ne coule pas forcément de source compte tenu des circonstances en amont.

 

2007

Steelers

10-6, vainqueurs de l’AFC North, tête de série numéro quatre, éliminés en Wild Card.
En 2007, Mike TOMLIN devient l’un des plus jeunes entraîneurs en chef de l’histoire en succédant à l’emblématique Bill COWHER, parti à la retraite suite à quinze ans de bons et loyaux services. Il perd un pilier du vestiaire quand les dirigeants se séparent, avec son aval, de l’outside linebacker Joey PORTER pour raisons financières. Autrement, le cœur de l’effectif, joueurs et staff, demeure sensiblement identique à celui sacré en 2005 donc compétitif. Adepte de la Tampa 2, Mike TOMLIN ne joue pas la carte de la rupture en cherchant à l’imposer. Au contraire, il maintient le coordinateur Dick LeBEAU, sa 3-43-4
formation défensive avec 3 linemenLinemen
littéralement, les hommes de la ligne (de scrimmage). Il y a les linemen offensifs et les défensifs. Ils s'opposent dès le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
donné.
et 4 linebackers.
et son zone blitz. Il se contente d’apporter son expertise à une ligne arrière en difficulté ; il relance par exemple le cornerback Ike TAYLOR, relégué sur le banc en 2006. La défense récompense les choix opérés en terminant sur le podium. Les Steelers embrassent un exercice 2007 mitigé. Sous l’impulsion de la nouveauté, ils démarrent en trombe. À la lutte pour la tête de série numéro deux jusqu’à la semaine 13, ils rentrent dans le rang et n’obtiennent que la quatrième. Émoussés, ils se font éliminer par les Jaguars dès l’entrée en lice, à domicile. Ils courent constamment après le score, ne parviennent pas à garder le résultat lorsque devant et payent plusieurs décisions tactiques hasardeuses. Pendant la trêve, la préoccupation centrale concerne la ligne offensive. Déjà à la peine, elle subit le départ du guard référence des années 2000, Alan FANECA. Sinon, Joey PORTER s'assimile à un lointain souvenir. Son héritier, un certain James HARRISON aux physique et parcours atypiques, représente sans doute la satisfaction majeure de la saison écoulée. Le prometteur LaMarr WOODLEY, enthousiasmant sur un faible volume de snaps, devrait l’épauler à plein temps à l’opposé, en remplacement du vétéran Clark HAGGANS. Les retours de blessure du defensive end Aaron SMITH et du free safety Ryan CLARK signifient un plus non négligeable. Surtout au moment d’affronter le calendrier le plus relevé a priori, comprenant dix entrevues avec des équipes au bilan positif en 2007. La franchise entame l’an II de l’ère TOMLIN. L’expérience acquise doit permettre de franchir un pallier et envisager le titre. Ceci grâce à une défense attendue souveraine en dépit de sa ligne titulaire intégralement composée de trentenaires.

 

Ravens

5-11, quatrièmes de l’AFC North.
Baltimore endure son pire exercice depuis 1996. La faillite contre la passe, couplée à une énième démonstration d’indigence en attaque, sonnent le glas de l’ère Brian BILLICK. Sa (re)construction offensive, incarnée par le projet Kyle BOLLER, est un échec cuisant. La franchise prend une nouvelle direction pendant la trêve. John HARBAUGH est nommé entraîneur principal. Il drafte le quarterback Joe FLACCO et le running back Ray RICE. Parallèlement, le légendaire tackle Jonathan OGDEN, ennuyé par des problèmes au gros orteil, se retire. De l’autre côté du ballon, après moult péripéties, Rex RYAN reste aux commandes. Il enregistre le renfort de Chuck PAGANO en tant que spécialiste de la secondary. Son challenge : en colmater la récente perméabilité. Diverses interrogations existent autour de l’icône Ray LEWIS. Il n’a plus disputé une saison complète depuis 2003 et son contrat expire fin 2008. À 33 ans, il se dirige lentement vers le crépuscule de sa carrière. Comme Trevor PRYCE (33 ans) et Kelly GREGG (32 ans), membres essentiels de la ligne. Le premier revient de blessure. Des soucis récurrents au genou remettent en question la participation du deuxième ; un vrai casse-tête parce que l’ancre de l’avant-garde est l’un des nose tackles phares depuis 2002. Abonné à l’infirmerie en 2007, le duo vieillissant de cornerbacks formé par Chris McALISTER (31 ans) et Samari ROLLE (32 ans) retrouvera les pelouses mais avec quelle efficacité ? Malgré ces zones d’ombre, la défense possède quelques certitudes, notamment avec le defensive tackle révélation Haloti NGATA, et s’appuie sur d’autres cadres en pleine force de l’âge. Pour combien de temps, puisque l’outside linebackerLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive.
Terrell SUGGS reçoit le franchise tag à contrecœur et l’inside linebacker Bart SCOTT est un futur agent libre ? Dans l’immédiat, l’assortiment sera-t-il suffisant pour affronter le quatrième calendrier le plus relevé a priori ? L’équipe ne dégage plus une aura conquérante. 2006 sonne de plus en plus comme le chant du cygne pour cette génération qui semble avoir raté sa plus belle voire sa seule chance de consécration. Adieu costume de prétendant, bonjour compromis entre continuité avec une recette qui a fait ses preuves et transition vers le rajeunissement ainsi qu’une mentalité plus offensive. Dans ces conditions, l’organisation aborde 2008 dans l’incertitude et n’attend pas de miracles. Différer au maximum les discussions quant à la place à la draft 2009 constituerait une fin en soi.

 

DÉROULEZ LE TAPIS ROUGE

Semaine après semaine, les uns confirment leurs ambitions et les autres chassent leurs doutes. À partir de là, quoi de mieux que l’enjeu pour attiser les passions ? Quoi de mieux qu’un casting clinquant pour ajouter du lustre ? La trilogie 2008, et plus globalement l’Âge d’Or de l’opposition, se voit magnifiée par la compétitivité, la fréquence des affrontements et leur impact sur le championnat. L’ensemble servi par des protagonistes à l’héritage incommensurable quand appréhendé avec le recul d’aujourd’hui. Sur la pelouse et sur la touche, une distribution cinq étoiles. Le nec plus ultra de l’époque, voire toutes époques confondues. De la graine de légendes au centimètre carré. Il faudrait remonter aux années 70 et aux rares escarmouches entre Steel Curtain et Purple People Eaters pour observer une telle densité. Et encore, vu qu’ils n’offrent pas leur visage le plus séduisant simultanément.

Il y a ceux sous le feu des projecteurs qui collectionnent les accolades. Ils marquent les annales de leur poste, de leur côté du ballon et du jeu. De futurs Hall of Famers dès leur éligibilité.
Ray LEWIS : double vainqueur du Super Bowl (XXXV et XLVII) et double champion AFC (2000 et 2012), reçoit des votes pour le MVP deux fois (2000 et 2003), double défenseur de l’année (2000 et 2003) et reçoit des votes cinq autres fois (1998, 1999, 2001, 2004 et 2006), MVP du Super Bowl (XXXV), septuple All-Pro 1 (1999, 2000, 2001, 2003, 2004, 2008 et 2009) et triple All-Pro 2 (1997, 1998 et 2010), possiblement le meilleur middle linebacker voire défenseur de tous les temps.
Ed REED : vainqueur du Super Bowl (XLVII) et champion AFC (2012), défenseur de l’année (2004) et reçoit des votes deux autres fois (2008 et 2010), quintuple All-Pro 1 (2004, 2006, 2007, 2008 et 2010) et triple All-Pro 2 (2003, 2009 et 2011), possiblement le meilleur free safety voire safety tout court de tous les temps.
Troy POLAMALU : double vainqueur du Super Bowl (XL et XLIII) et triple champion AFC (2005, 2008 et 2010), défenseur de l’année (2010) et reçoit des votes deux autres fois (2005 et 2008), quadruple All-Pro 1 (2005, 2008 2010 et 2011) et double All-Pro 2 (2004 et 2007), possiblement le meilleur strong safetySafety
Signifie deux choses différentes : 1) c'est le plaquage du porteur du ballon dans sa propre zone d'en-but. Cela rapporte 2 points à l'équipe qui l'effectue et elle récupère la possession du ballon. L'équipe victime du safety va alors dégager depuis ses 20 yards au moyen d'un botté façon "punt". 2) c'est un poste en défense. Le safety est en quelque sorte le dernier rempart. Par analogie avec le football "européen", on le qualifie de "libéro".
de tous les temps.

Il y a ceux qui récoltent aussi les lauriers, toutefois avec des considérations historiques moindres. Longévité sans pic extraordinaire ou pic extraordinaire sans longévité définissent leur carrière. Une particularité susceptible de les priver du Hall of Fame.
James HARRISON : double vainqueur du Super Bowl (XL et XLIII) et triple champion AFC (2005, 2008 et 2010), reçoit des votes pour le MVP (2008), défenseur de l’année (2008) et reçoit des votes deux autres fois (2007 et 2010), double All-Pro 1 (2008 et 2010) et double All-Pro 2 (2007 et 2009), parmi les défenseurs références entre 2007 et 2011.
Terrell SUGGS : vainqueur du Super Bowl (XLVII) et champion AFC (2012), rookie défensif de l’année (2003), défenseur de l’année (2011), All-Pro 1 (2011) et All-Pro 2 (2008), parmi les outside linebackers de 3-4 références entre 2004 et 2014.
Haloti NGATA : vainqueur du Super Bowl (XLVII) et champion AFC (2012), reçoit des votes pour le défenseur de l’année (2010), double All-Pro 1 (2010 et 2011) et triple All-Pro 2 (2008, 2009 et 2012), parmi les linemen références entre 2008 et 2014.

Il y a ceux plus anonymes aux yeux du grand public quoique précieux. Ils évoluent dans l’ombre, de partenaires plus médiatiques et/ou car à des postes peu glamour.
James FARRIOR : double vainqueur du Super Bowl (XL et XLIII) et triple champion AFC (2005, 2008 et 2010), deuxième au vote du défenseur de l’année (2004), All-Pro 1 (2004) et All-Pro 2 (2008), inside linebacker durable chargé d’appeler les signaux, patron du front seven entre 2002 et 2011.
Bart SCOTT : All-Pro 2 (2006), l’un des deux meilleurs linebackers non rushers associés à Ray LEWIS.
Aaron SMITH : double vainqueur du Super Bowl (XL et XLIII) et triple champion AFC (2005, 2008 et 2010), parmi les defensive ends de 3-4 références entre 2000 et 2008, élément-clé de la ligne, pièce maîtresse du front seven voire du onze pour beaucoup.
Casey HAMPTON: double vainqueur du Super Bowl (XL et XLIII) et triple champion AFC (2005, 2008 et 2010), parmi les meilleurs nose tackles de la décennie.

Il y a enfin les architectes, acclamés pour leur génie créatif, considérés parmi les cerveaux les plus influents.
Dick LeBEAU : double vainqueur du Super Bowl (XL et XLIII) et sextuple champion AFC (1981, 1988, 1995, 2005, 2008 et 2010), à l’origine du zone blitz, impliqué auprès de deux dynasties défensives propres aux Steelers (Blitzburgh et Steel Curtain 2), à la tête de trois défenses historiques sur une base annuelle (Steelers 2004, 2008 et 2010).
Rex RYAN : vainqueur du Super Bowl (XXXV) et champion AFC (2000), à l’origine de la déclinaison la plus extrême de chaos organisé, artisan majeur de la dynastie défensive des Ravens, à la tête de trois défenses historiques sur une base annuelle (Ravens 2006, 2008 et Jets 2009).

 

 

À suivre…

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 Hier, j'étais un quarterback noir qui se trouvait être un bon quaterback. Aujourd'hui, je suis un bon quarterback qui se trouve être noir.  – Doug Williams, QB des Redskins, le lendemain de sa victoire lors du Super Bowl XXII.

En VO :  Yesterday, I was a black quarterback who happens to be good. Today, I'm a good quarterback who happens to be black. 

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