SuperSize NFL : Une question de poids

En 2005, le guarde des 49ers Thomas Herrion été decédé à l’issue d’un match de pré-saison. Même si on n’a jamais eu de preuve, son poids (155 kilos pour 1métre 90) avait été mis en avant par plusieurs analystes qui rappelaient que si Herrion était globalement dans la moyenne pour son poste, il aurait été considéré comme « obése » par n’importe quel medecin. Or comme chacun le sait l’obesité entraîne une augmentation des risques cardio-vasculaires et une mortalité plus élevée avant 50 ans. Cette année étude a montré que 56% des athlétes NFL étaient “obéses”; mais n’allons pas trop vite en besogne car le rapport poids/taille pris comme preuve est discutable pour des athlétes qui passent 10 mois par an dans les salles de musculation et ont donc un rapport muscle/graisse bien différent de la moyenne.
Malgré tout je pense qu’il est bon de se rememorer le rapport que la NFL entretien avec le poids de ses athlétes et les raisons historiques qui font que la NFL “grossie” sans cesse.
Une prise de poids depuis 30 ans.
Un rapide regard historique révéle qu’il n’y a jamais eu autant de joueurs de poids dans la ligue : entre 1920 et 1984, il n’y a jamais eu plus de 8 joueurs par saison qui faisaient plus de 140 kilos ; il y a deux ans ils étaient 360 joueurs de plus de 140 kilos… et cette saison ils sont 500 dans les camps d’entrainement (mais beaucoup ne seront pas retenus dans les effectifs pro donc on devrait se situer en dessous des 400 joueurs à plus de 140 kilos).
Il faut aussi préciser que s’il y a plus de joueurs « de poids » c’est parce que tous les postes se sont traduit par une prise de poids : en 28 ans le joueur moyen NFL a pris 14 kilos (108 kilos de moyenne en 1970 conre 122 kilos en 2008). Mais si tout le monde a “gagné”, certains ont plus pris que d’autres : ce sont d’abord les linemensLinemen
littéralement, les hommes de la ligne (de scrimmage). Il y a les linemen offensifs et les défensifs. Ils s'opposent dès le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB. donné. offensifs qui ont « grossit » avec plus 31 kilos, +17 kilos chez les linemens défensifs, +15 kilos chez les quarterbacks… Les coureurs et les receveurs sont ceux qui ont le moins pris de poids avec (seulement) +9 kilos de moyenne.
Il y a bien sur plusieurs explications à ce phénoméne : l’augmentation de la taille moyenne, l’amélioration de la nourriture consommée entre les années 70 et aujourd’hui, des aliments plus riches (viande de bœuf aux hormones), la généralisation des compléments alimentaires, une musculation intensive à l’université… et sûrement les steroides et les hormones de croissances qui ont été longtemps ignorées dans les test anti-dopages. Mais il y a surtout une volonté explicite des escouades et des entraineurs de disposer de joueurs plus physiques, plus puissants… donc plus lourds. Dés lors certaines équipes imposent des poids (et des tailles) minimun par poste pour pouvoir jouer ou pour être recruté.
Pourquoi cela?
A mon avis, deux evolutions du jeu (au moins) ont conduit au phénoméne de prise de poids generalise : tout d’abord une recherche de combinaison aériennes plus élargies qui ont obligés les quarterbacksQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs. a disposer de plus de temps dans leur poche. Cela a conduit les hommes de lignes offensifs à devoir contenir quelques secondes de plus les défenses qui étaient historiquement plus lourdes ; la décision a donc été évidente : prendre du poids. L’impact de cette premiére évolution se voit nettement en 74-76 lorsque les hommes de ligne offensifs prennent prés de 5 kilos en moyenne et dépassent ainsi le poids moyens des hommes de lignes défensifs. La prise de poids des hommes de ligne va se confirmer aussi à l’université et au début des années 80 les meilleures hommes de lignes offensive sont tous des joueurs lourds : Larry Allen, Nate Newton ou Joe Jacoby.
La deuxiéme étape est venue lorsque les stratégies défensives mises à mal par le poids des adversaires à conduit à la « révolution linebackerLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive. » dans le milieu des années 80 conduite par des joueurs comme Lawrence Taylor. En deux mots, les défenseur du premier rideau (Nose Tackle ou Defensive End) étant bloqués par le poids des linemens offensifs, les linebacker (joueurs de défense en second rideau chargé de la défense de mi-distance) vont devoir en même temps être capable de venir en aide à la premiére ligne défensive tout en conservant leur capacité de couverture aérienne. Dés lors, les linebackers vont prendre du poids et de la vitesse.
A partir de ces 2 mouvements initiaux la surenchére va continuer et on tombe sur une logique sans cesse identique : pour contrer les défenses, les lignes offensives prennent du poids (quite à sanctionner les joueurs de ligne trop légers, moins de 142 kilos dans le cas des Broncos, par une amende de 100 dollars lors de la pesée hedbomadaire) et les défenses cherchent a contourner le probléme en étant plus versatiles tout en prennant encore du poids ; mais cela ne se limite pas a cela : les quarterbacks ont du être plus lourds pour mieux encaisser les coups d’une défense plus physique et pouvoir voir au dessus de leur ligne offensive, les Tight-end ont aussi pris en muscle pour pouvoir apporter un soutien à leur ligne lorsqu’elle est prise a défaut par les défense, les défenseurs longs ont aussi du prendre du poids pour bloquer les Tight-end lorsque ces derniers sortent pour aller capter un ballon aérien… la conséquence a été une prise massive de poids en NFL et un jeu plus physique qui plait aux fans. Mais est-ce payant sportivement ?
“Bigger is Better”?
Il est difficile de répondre simplement et clairement : Dans les années 80-90 la réponse est plutôt non puisque les 49ers et les Broncos qui ont les deux meilleurs ratios de la ligue sur la décennie sont les deux équipes avec les escouades les plus légéres. Mais en même temps l’équipe « poids lourd » de l’époque les Bills a signé 4 participations au Superbowl (toutes perdues).
Dans la decennie 2000, les équipes lourdes et légéres semble s’être partagées les points : des poids plumes comme les Patriots ont gagnés 3 Superbowl, mais des poids lourds comme les Steelers (2 superbowl remportés) ou les Ravens (1 victoire au Superbowl) ont aussi bien réussi. Mais attention, les Steelers sont une équipe plutôt légére offensivement, leur poids est d’abord du coté défensif (avec des joueurs comme Casey Hampton) ce qui oblige a une nouvelle conclusion : les équipes lourdes offensive ont eu assez peu de succés alors que les équipes lourdes défensivement ont fait jeu égal avec les équipes légéres a tout point de vue.
Et c’est peut-être cela la conclusion des années 2000 : le poids offensif a atteint sa limite car les lignes font face maintenant a des équipes variées; dés lors les lignes offensives doivent être plus mobiles donc plus légéres. Le manager général Bill Polian qui avait largement contribué à la “mode” d’un poids elevé lorsqu’il était chez les Bills a d’ailleurs abandonné cette stratégie depuis qu’il est passé chez les Colts : « Nous avons cru qu’en misant sur le poids nous effacerions des équipes comme les 49ers. Il y avait beaucoup de bruits sur l’idée que le poids était la répose : nous avons testé pendant 10 ans cette idée et clairement c’était une erreur ».
Cette conclusion semble aujourd’hui courament admise puisque les lignes offensives ne prennent plus de poids derniérement et certaines ont même “maigries” pour devenir plus polyvalentes et mobiles. A l’inverse, le poids des défenses a continué d’augmenter durant les 5 derniéres années car la tendance est de plus en plus à une polyvalence des postes (les linebackers doivent remplacer la premiére ligne ou les défenseurs longs doivent appuyer la ligne de défense courte) qui impose une prise de poids des postes les plus legers historiquement.
Tout cela fait que la ligue est aujourd’hui face a un besoin d’accompagnement de ses athlétes car le poids fait courir des risques importants à la santé et l’intégrité physique des joueurs. La ligue a donc dévellopée un programme de nutrition permettant aux sportifs de “mieux manger” non pour perdre du poids mais pour limiter l’impact du poids sur leur organes et elle a mis en place plusieurs régles permettant de limiter l’impact physique lors des contacts entre deux joueurs (car avec le poids ces contacts devennaient de plus en plus source de blessure grave).
Personnellement je ne pense pas que le poids moyen en NFL soit amené a regresser durant les années a venir, mais ije trouve interessant de voir le succés connu par des athlétes éloignés du modéle dominant : le quarterback victorieux du dernier Superbowl Drew Brees et ses 1 métre 83 (alors que des quarterbacks sont chaque années refusés à la draft car ils font mois d’un métre quatre-vingt dix), le coureur Darren Sproles est son métre soixante-dix (pour 80 kilos quand même) ou le receveur DeSean Jackson qui est l’avenir à sa position alors qu’il ne fait qu’un métre soixante-seize.