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La NFL est une ligue dont il n’est guère possible de remettre en question l’aspect capitaliste. Evidement c’est un sport, c’est un spectacle, mais c’est aussi une « entreprise » qui fait vivre directement des milliers de salariés (dans les franchises, dans les stades, au siège de la ligue… et évidement les joueurs) et cherche à accroitre chaque année ses sources de revenues via le merchandising, l’agrandissement des stades, les droits TV…

A un moment ou le sujet de l’argent, et de la répartition des énormes sommes en jeu, donne lieu a un bras de fer entre la ligue, les joueurs et les propriétaires, étudions le cas de l’irréductible « socialiste » (marxiste dirons certains) Green Bay.

Je pense que personne n’ignore que Green Bay est une franchise presque centenaire qui a été dans la ligue dés la naissance de cette dernière. Personne n’ignore non plus que Green Bay est la seule franchise majeure du sport professionnel qui soit détenue par les fans. En effet, aucun grand groupe, aucun milliardaire n’est à la tête de la franchise. Mais qu’est ce que cela signifie concrètement ?

Concrètement, nous pouvons tous être propriétaire d’une petite partie des Packers. Actuellement, il y a un peu plus de 100.000 personnes qui sont actionnaires de la franchise. Ces 100.000 personnes se partagent environ 5 millions d’actions qui sont plus ou moins anciennes. Lorsque le club en a besoin pour augmenter sa trésorerie, il fait comme n’importe quelle entreprise cotée en bourse : il émet des actions. La dernière émission d’action date de 1998 et les actions étaient émises à 200 dollars pièces. Evidement le vote est électronique car 100.000 personnes à déplacer pour une assemblée général ca fait beaucoup même dans Lambeau Field.

Mais à quoi donnent droit ces actions ? a pas grand-chose : a une carte « Panini géante » à 200 dollars, à un chapeau en forme de fromage avec écrit « Owner » (propriétaire) et surtout à la fierté d’être un actionnaire des Packers. En effet, il ne faut pas espérer faire le moindre profit avec ces actions particulières. Pourquoi cela?

Parce que si chaque année Green Bay dégage des bénéfices (liés à la répartition NFL, au merchandising et au remplissage du stade), cette marge va directement à une fondation sans passé par la case actionnaire. Jusqu’en 1997, l’argent allait exclusivement à l’ « American Legion » (qui aide les vétérans de guerre à se réinsérer) mais depuis les actionnaires ont décidés de financer plusieurs autres institutions caritatives américaines via la « Green Bay Packer Fondation ».

Vous me direz, il suffit de revendre son action pour faire du profit : eh bien non car c’est interdit par le règlement de la franchise : on n’a le droit de revendre une action qu’au prix de l’émission initiale de l’action.

Le dernier point auquel tous les actionnaires doivent se plier est de s’engager à ne jamais posséder plus de 200.000 actions du club. Au maximum vous pouvez donc avoir 4% du club ce qui vous oblige a trouver au moins 15 amis pour avoir une chance de prendre le contrôle du club, mais comme vous l’avez compris quasiment tout le monde n’a qu’une dizaine d’actions… donc l’OPA hostile est virtuellement impossible.

Malgré tout ce système est régulièrement menacé car la franchise a une valeur (911 millions de dollars d’après le magazine Forbes de l’an passé)  et beaucoup de villes lorgnent sur le « village du Wisconsin » qui résiste à l’envahisseur capitaliste. Une holding de Los Angeles avait ainsi proposé de racheter l’ensemble des actions il y a 2-3 ans… mais l’opposition avait été immédiate.