John Lynch : le cogneur le plus intelligent de la NFL

John Lynch
John Lynch
le 24/04/2012 à 22:37 par Thomas Depaepe

Avec le départ en retraite de Brian Dawkins, j'ai tout de suite pensé à un joueur que j'ai adoré sur les terrains NFL et qui a évolué aussi au poste de SafetySafety
Signifie deux choses différentes : 1) c'est le plaquage du porteur du ballon dans sa propre zone d'en-but. Cela rapporte 2 points à l'équipe qui l'effectue et elle récupère la possession du ballon. L'équipe victime du safety va alors dégager depuis ses 20 yards au moyen d'un botté façon "punt". 2) c'est un poste en défense. Le safety est en quelque sorte le dernier rempart. Par analogie avec le football "européen", on le qualifie de "libéro".
, qui comme Dawkins était un joueur d'impact (même s'il était peut être moins talentueux que ne l'était Brian Dawkins) et qui comme Dawkins a fini sa carriére chez les Broncos (même s'il a fait un passage éclair chez les Pats). 

Ce joueur c'est John Terence Lynch... et c'est un joueur qui fait indéniablement parti de mon (petit) Panthéon footballistique personnel et certainement de celui de certains d'entre vous.

 

De l'Illinois à Stanford.

Lynch à Stanford
Lynch à Stanford
Né en 1971 dans le fin fond de l’Illinois, Lynch a suivi sa famille qui a déménagé sur la côte californienne et San Diego dans les seventies. Il s’y passionne pour le baseball et joue en parallèle dans l’équipe de son école au basketball. Repéré par Stanford, il se voir proposer en 1989 une bourse d’étude pour intégrer la prestigieuse université californienne afin de jouer dans l’équipe de Baseball. En marge de ses études en droit, il joue pitcher et hitter pour l’équipe de Baseball… mais en plus, l’équipe cherche un quarterbackQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
pour évoluer à « The Farm » (le stade de Stanford). Très athlétique, Lynch est positionné en 3éme quarterback en 1990 dans l’équipe de football qui est un peu à la dérive malgré le travail du légendaire coach Bill Walsh. Il y fait deux années peu concluantes où il n’arrive pas à s’affirmer en tant que QB… mais l’équipe est intéressée par son potentiel et lui fait essayer différents postes en défense. En 1991, il dispute environ 30% des snapsSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
en défense, même s’il reste officiellement QB.

En 92, il est drafté par les Florida Marlins au second tour en tant que pitcher et quitte Stanford : il est alors mis « en développement » chez les Erie Sailors puis chez les Cougars de Kane County. Le Baseball a alors tout son amour… mais le coach Bill Walsh l’appelle pour lui faire une déclaration d’amour : « Je sais que tu as l’opportunité de jouer pro au Baseball. Mais pour t’avoir eu à mes coté, je sais que tu peux faire mieux : être un pro-bowler en NFL » ; Walsh achève de le convaincre de revenir à Stanford en disant qu’il a le potentiel d’un Ronnie Lott qui est l’un des joueurs adulé par Lynch.

En 1992, Lynch partage donc son temps entre le baseball en ligue mineur et les matchs avec Stanford : autant en baseball il joue dans un certain anonymat, autant il explose littéralement et se révèle être l’un des tout meilleur DB de toute la NCAA : sa capacité à couvrir et surtout son impact physique contribue fortement aux 10 victoires de rangs de l’équipe (pour 3 défaites) et au gain du Blockbuster Bowl contre Penn State. 

Son moment d’anthologie restera un match contre Notre Dame : alors qu’il est sur le banc car il vient de subir une commotion cérébrale, il va voir le coach en demandant à rentrer à nouveau car son équipe est en pleine débandade ; le coach le remet en jeu (les temps ont changé… heureusement) et il livre alors un match prodigieux qui donne la victoire à Stanford et inflige ainsi sa seule défaite de l’année aux Fighting Irish.Son image de marque est lancée : un safety très doué et surtout un cogneur hors pair.

  

John Allred, Mark Chmura, Marty Booker, Barry Sanders, Chris Henry... gare à qui croisait son chemin en NFL

En 1993, les Buccaneers misent sur lui à la draft avec un 3éme tour ; à l’époque l’équipe joue devant un stade aux 2/3 vide et l’équipe frôle chaque saison la correctionnelle… mais Lynch croit en son talent, en celui de ses partenaires rookies que son Warren Sapp ou Derrick Brooks et  surtout dans l’organisation mise en place par Tony Dungy qui mise beaucoup sur la défense et sur la Cover 2.

Petit à petit l’équipe s’améliore et il va imposer son style du côté de la Floride : un homme très poli et intelligent hors des terrains, un cogneur hors pair dès qu’il est sur le gazon; Lynch disait toujours que l'on pouvait battre Tampa Bay, mais qu'il fallait en payer le prix du sang. Le TE des Bears John Allred qui est pourtant son beau-frère peut en témoigner car alors que les deux s’affrontent sur le terrain, Lynch lui a infligé un choc d’une rare violence qui a laissé Allred au sol de longues secondes (et l’a fait sortir sur le banc), et après le choc Lynch n’a même pas eu un regard pour Allred.

Lynch c'est aussi fait connaître en tout début de carriére pour avoir "secher" deux légendes : Mark Chmura qu'il a "décapité" (c'est le nom sous lequel est aujourd'hui encore connu ce coup de casque légendaire infligé par Lynch dans la potrine d'un Chmura qui se retournait aprés un catch et qui n'a pas vu le missile arriver) et quelques stops impressionnants sur Barry Sanders qui était pourtant très difficilement cadrable avec son style chaloupé. Par la suite il réussira des hits sans cesse plus impressionant et il est difficile de tous les citer tellement ils sont nombreux; je parlerais donc juste de 2 d'entre eux : un tackle sur le coureur des Rams Marshall Faulk ou ce dernier ce relève avant de tomber dans les bras de Lynch car il est K.O. debout et évidement de l'action ou Marty Booker fait à vol planné aprés un choc avec Lynch avant de tomber tête la premiére dans les genous de Sapp. Ce qui est certain c'est que 75% des hits de John Lynch seraient aujourd'hui sanctionnés par la ligue car sa spécialité était l'usage du casque pour percuter l'adversaire... ce qui est fort logiquement interdit aujourd'hui.

Le hit 
Le hit "à la Lynch"

Mais si Lynch était un adepte du choc violent, ce n'est pas que cela : c'était un leader émotionnel essentiel à l'équipe et c'était surtout un joueur qui avait une connaissance trés fine du jeu défensif.

En 2001, les Buccs vont en wildcard mais ils sortent face aux Eagles (31-9) : Tony Dungy est alors limogé et John « Chucky » Gruden arrive aux commandes du club (en provenance d’Oakland). Après une superbe saison défensive (Tampa Bay étant la meilleur défense de la saison avec son groupe de vétéran : Ronde Barber, Warren Sapp, Derrick Brooks, Simeon Rice…), Tampa affronte Oakland pour le Superbowl et dès le début de match, Lynch réalise que l’attaque des Raiders utilise le schéma de jeu que Gruden avait aux Raiders (et qu’il avait fourni à titre d’information à la défense) ; il n’y alors plus de match puisque Lynch convoque ses partenaires et leur prédit qu'il peu annoncer chaque action offensive d'Oakland à l'avenir... ce qu'il fait (avec l'aide des coachs) et les Buccaneers imposent leur jeu défensif sur le match : 5 interceptionsInterception
passe du QB rattrapée par un défenseur (un adversaire).
, 19 yards au sol concédés et 11 firstdown seulement pour Oakland. Le Superbowl est remporté par les Buccaneers pour la premiére (et seule fois) de leur histoire sur le score de 48 à 21.

L’année suivant cette victoire défensive des Bucs, John Lynch se retrouve sans emploi car la franchise de Tampa Bay ne souhaite pas offrir un pont d’or à un joueur jugé sur le déclin. De ce fait, après 11 ans sous le maillot rouge, Lynch débarde aux Broncos ou il insuffle son côté guerrier à l’équipe. Il manque de peu une nouvelle participation au Superbowl en 2005 (défaite en finale AFC contre les Steelers) mais il devient vite le leader émotionnel de l’équipe et il est désigné capitaine de la défense en 2006 et 2007. En 2008, il signe aux Patriots pour une saison, mais il ne joue pas et prend donc sa retraite après 15 saisons, 9 Probowls, 26 interceptions, 13 sacksSack
plaquage du QB dernière la ligne de scrimmage (perte de terrain).
et plus d’un milliers de tackles (dont bon nombre sont aujourd'hui illégaux).

 Une vidéo avec ses hits :

Quand je pense à John Lynch, je ne peux m’empêcher de penser à une autre époque : celle ou les Safety étaient là pour mettre des tampons aux receveurs qui avaient le malheur de croiser leur route, celle ou le « receveur sans défense » n’existait pas, celle ou le Safety était aussi là pour détruire la course, celle où l’on mesurait le talent d’un safety au nombre de chocs qu’il réalisait et pas au nombre d’interceptions.

Alors certes on me dira (avec raison) que Lynch était souvent à la limite de la violence gratuite et qu’il ne crée pas tellement de fumbleFumble
quand le porteur du ballon laisse échapper celui-ci par maladresse ou suite à un choc. Le ballon est alors à terre mais vivant et c'est la 1ère équipe qui le ramasse qui en prend la possession. Avec les interceptions, le fumble est la seconde façon de rendre le ballon à l'adversaire. Ensemble, ils constituent des Turnovers (pertes de balle). C'est souvent cette stat. qui décide de l'issue de la rencontre.
avec ses tackles hauts ; cela est totalement vrai, mais il en imposait sur le terrain, il avait un sens du jeu inné pour se trouver sans cesse face au coureur adverse, et tout simplement, c’était agréable de le voir mettre un tampon ! Et puis un Panthéon personnel c'est par essence subjectif et on ne peut pas aimer que des joueurs qui ont changé toute la face de la NFL!

 

J'ai remis l'article que j'avais écris il y a 2 mois sur Jerome Bettis (qui est un autre membre de mon Panthéon personnel) pour ceux qui ne l'auraient pas lu à l'époque de sa mise en ligne; et si cela interesse certains, c'est avec plaisir que je vous parlerez des autres joueurs de mon Panthéon dans de futurs articles... et que sur FA.com nous ouvrirons un espace pour tous ceux qui veulent écrire quelques lignes sur les joueurs qui les ont fait réver.

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 Le football n'est qu'un jeu, ce qui compte c'est ce qui vous pousse à jouer. Vous vous retrouvez seul contre votre adversaire et vous devez être meilleur que lui ; c'est ce que j'aime dans le jeu !  – Ernie Davis, joueur des Browns de Cleveland, décédé à 23 ans

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