Le réfrigérateur a perdu son chemin (3/4)L'après-football

L'après Football
L'après Football
le 07/03/2014 à 00:27 par Thomas Savoja

Les plus jeunes de nos lecteurs ne s’en souviennent certainement pas, mais William « The Fridge » Perry fut une icône du Football Américain dans les années 80. Je suis tombé il y a quelques semaines sur un reportage d'ESPN retraçant son parcours et j'ai décidé de vous proposer un retour sur la carrière édifiante de ce géant au physique hors norme dont la chute fut au moins aussi spectaculaire que son ascension fut fulgurante (Voir les liens en bas de l'article pour les épisodes précédents ...).

Perry face à Bol
Perry face à Bol
L’après-football

Entre le Catch, les concours de hot dog où il en ingurgite 4 en une poignée de secondes et un match de boxe face aux 2m40 de Manute Bol, match qu’il perdra d’ailleurs par décision des juges, son exposition médiatique reste au plus haut. Il débute en parallèle une entreprise de construction avec son père et s'installe dans une maison de 400 m² avec Sherry et ses 4 enfants. Le portail de la propriété en forme de ballon de Football chromé fait dans la démesure. Les opportunités sont partout mais les menaces ne sont pas bien loin dans cette ambiance festive. Et en 2003, Sherry est sur le point de demander le divorce. Leur rupture s’annonce compliquée car ils habitent une petite ville où tout le monde se connait et du coup, Perry fait tout pour la reconquérir et éviter ainsi de perdre la face dans sa communauté.

Le soir de Noël 2003, alors qu’il termine quelques achats de dernière minute, il tombe par hasard sur une ancienne admiratrice qui l’aime toujours en secret depuis ses années de lycée. Son nom est Valérie et elle lui demande où il se dirige ainsi les bras remplis de cadeaux. « J’essaie de récupérer ma femme » lui répond-il innocemment. Elle lui souhaite alors bonne chance tout en croisant les doigts pour une issue contraire. Car Valérie a toujours le béguin pour son sourire édenté.

Quinze mois plus tard, ils formeront un couple. William et Sherry se sont séparés pour de bon et Perry, 10éme enfant d’une fratrie de 12 a rapidement eu besoin de compagnie. Valérie essaie de répondre présent pour lui au quotidien mais il tombe dans une période de déprime due à l’éloignement de ses quatre enfants.

Quand il se regarde dans la glace, dans sa grande maison vide, il n’apprécie guerre ce qu’il voit. Il décide alors d’entreprendre quelque chose contre cela et fait réparer ses dents. Cette transformation fera la une de la presse locale : « Terminé le sourire troué du Fridge ! » Il développe malheureusement une infection suite à l’opération qu’il soigne essentiellement avec de la vodka, une manière comme une autre pour masquer la douleur. Ceci étant dit, les médecins ne pourront que théoriser sur la suite des évènements car après son opération aux dents, Perry souffre soudainement des pieds, puis des genoux, et enfin des mains, comme si le gentil géant commençait à se pétrifier.

« Je ne pouvais plus me lever, ni bouger ni faire quoi que ce soit. Je ne pouvais même pas soulever une fourchette ou une cuillère ».

Déprime et maladie

La plupart des gens aurait foncé chez le médecin mais Perry reste des mois cloitré chez lui malgré les injonctions de sa compagne Valérie. « J’ai joué au Football et tu sais, quand on se casse quelque chose, on continue à jouer ».

Mais en Juin 2008 alors que Perry est presque paralysé et à moitié sourd, Valérie réussit enfin à le trainer jusqu’au Aiken Regional Medical Center où on lui diagnostique le syndrome de Guillain-Barre, un désordre nerveux provoqué par une attaque du système immunitaire. Cela débute par une faiblesse musculaire et peut aller jusqu’à la paralysie totale voire même la mort et Perry est à un état avancé de la maladie. Les docteurs pensent que son infection buccale est bien à l’origine du syndrome et que ses penchants pour la boisson n’ont fait que l’exacerber.

C’est vraiment sinistre que d’être atteint d’un mal dont vous ne pouvez à peine prononcer le nom et c’est encore pire que de s’entendre dire que vous ne pourrez jamais en guérir ! Car même s’il peut être temporairement traité, le syndrome de Guillain-Barre peut ressurgir à tout moment, notamment à cause de l’excès d’alcool.

Perry et Dikta
Perry et Dikta
Valérie fera donc tout pour le tenir éloigné de la vodka et de la bière alors qu’il reste confiné chez lui dans sa chaise roulante, vivant comme un ermite durant cinq moins. Mais il trouve encore assez d’énergie pour extraire sa carcasse en direction du « Liquor Store » pour faire le plein de boisson et accessoirement un peu d’exercice.

En Mars 2009, Perry concède à Valérie qu’il aimerait s’envoler pour la banlieue de Chicago afin de signer des autographes lors d’une soirée « Revival ». Il a entendu dire que les joueurs et le staff des Bears de 85 seraient présents et c’est la première fois depuis des mois qu’il concède un sourire. « Will, tu es trop malade pour te déplacer » lui rétorque Valérie mais il ne l’entend pas.

Lorsqu’il débarque quelques jours plus tard au milieu de l’assemblée en fauteuil roulant, une centaine de paires d’yeux se braquent sur lui. Mike Dikta reste sans voix. Après quelque instants de réflexion, il redevient soudain le coach Dikta des années 80 et alors que Valérie pousse la chaise roulante, il se précipite vers Perry en essayant de le motiver à retrouver sa forme du passé. Perry essaie bien de rigoler comme au bon vieux temps mais aucun son ne sortira de sa bouche. Ce n’est plus du tout le Williams qu’avait connu Dikta, il peut à peine bouger sa main pour signer des autographes !

« Il faut que vous trouviez ce qui ne va pas chez lui. Quelque chose ne va vraiment pas » confie alors Valérie désespérée. Un mélange de pitié et de tristesse a emplie l’assemblée et par pudeur, le caméraman dépêché sur l’évènement ne filmera pas « The Fridge ». A la fin de la soirée, l’un de ses coéquipiers des Bears se demande même s’il le reverra un jour…

Car de retour à Aiken, sa condition ne fait qu’empirer. Un après-midi de 2009, il subit une forte chute de tension. Valérie commence à paniquer mais par chance son frère Darryl a prévu une visite impromptue. « Je m’étais dit : allons voir le frangin pour savoir comment il se porte et quand nous sommes entrés il gisait sur le sol immobile. Je l’ai secoué en hurlant mais rien n’y a fait alors nous avons appelé l’ambulance ».


A suivre ...

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 J'ai le sentiment d'être le meilleur, mais vous ne me prendrez pas à dire ça.  – Jerry Rice, légendaire WR des 49ers de San Francisco

En VO :  I feel like I'm the best, but you're not going to get me to say that. 

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