Le réfrigérateur a perdu son chemin (1/4)Naissance d'un phénomène

The Fridge
The Fridge
le 17/02/2014 à 11:30 par Thomas Savoja

Les plus jeunes de nos lecteurs ne s’en souviennent certainement pas, mais William « The Fridge » Perry fut une icône du Football Américain dans les années 80. Je suis tombé il y a quelques semaines sur un reportage d'ESPN retraçant son parcours et j'ai décidé de vous proposer un retour sur la carrière édifiante de ce géant au physique hors norme dont la chute fut au moins aussi spectaculaire que son ascension fut fulgurante.

Chaque jour, c’est le même cérémonial. Aux alentours de 10h, William Perry a besoin d’aide pour extraire ses 190 kilos hors de son lit. Il se traine alors péniblement à l’aide d’une cane jusqu’au salon puis s’affale dans une chaise dont il ne décoléra vraisemblablement pas de la journée.

Son existence s’écoule ainsi en regardant la télévision tout en ingurgitant les 3 ou 4 repas que lui mitonne Valérie son épouse au cœur brisé. Elle a beau tout faire pour qu’il aille se promener ou qu’il prenne ses médicaments, force est de constater qu’elle a peu d’influence sur lui. La seule ruse qu’elle trouve pour faire en sorte qu’il se lève, c’est de l’appeler dans la cuisine pour un repas fictif …

Parfois, quand elle s’y attend le moins, son mari réussi à se mouvoir jusqu’à sa voiture mais elle sait pertinemment qu’il se dirige alors vers le magasin de spiritueux le plus proche. Car pas un jour ne se passe désormais sans que William Perry n’éprouve le besoin de boire …

Naissance d’un phénomène

L’ascension fut finalement beaucoup plus rapide que la chute. William Perry qui a désormais 49 ans fut la mascotte de l’Amérique. Lui le géant édenté au corps en forme de poire, lui qui savait chanter, danser, sacker les QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
adverses, marquer des Touchdowns et shampouiner le crâne de son coach Mike Dikta tout en affichant en permanence ce sourire innocent qui était sa marque de fabrique. Sauf que le bonhomme n’était pas si innocent qu’il en avait l’air.

C’est vrai qu’il n’est pas évident de peser 90 kilos en classe de CM2, encore moins quand vos dents de devant ne sont plus en place à cause d’un cousin inconscient qui s’est amusé avec un pistolet à air comprimé. En Caroline du Sud, du côté d’Aiken, Perry était connu dans son école sous le sobriquet du « gros au visage rigolo ». Pour faire taire les médisants, quoi de mieux que de devenir un athlète de premier plan ?

Perry à Clemson
Perry à Clemson

C’est ce qu’est parvenu à faire Perry aussi à l’aise dans la piscine pour effectuer des plongeons qu’au Basket pour signer quelques « dunks 360 » ou encore sur les terrains de Football où sa vitesse surprend au regard de son gabarit. Il fait partie des 5 joueurs les plus rapides de l’équipe, inédit pour un Nose Tackle ! Les coachs universitaires frappent donc logiquement à sa porte et la fac voisine de Clemson lui offre une bourse. Perry n’est plus un vilain petit canard. Il a même une petite copine et une admiratrice secrète et lorsqu’il débarque sur le campus de Clemson, on le sent enfin prêt à s’épanouir.

Sa saison de Freshman en 1981 se déroule comme dans un rêve. Non seulement les Tigers décrochent le titre de Champion NCAA, mais il se voit affubler pour l’éternité d’un surnom qui lui collera à la peau. Dans le bâtiment qui l’héberge sur le campus de Clemson, alors qu’il vient de monter dans l’ascenseur pour rejoindre sa chambre, les bras encombrés de linge sale, son coéquipier de la ligne défensive Ray Brown tente de s’y faire également une petite place. Dépité du peu d’espace vital qu’il a réussi à s’accaparer, Brown lance à son jeune coéquipier : « Mec, t’es aussi gros qu’un réfrigérateur ». Le mythe de William « the refrigerator » Perry était ainsi né !

Jouer en attaque

Perry ne s’offusque pas du quolibet. Au contraire, il est heureux de faire partie de cette équipe et de devenir une sorte de mascotte que l’on emmène en ville pour descendre quelques packs de bière. C’est bien la moindre des choses pour hydrater un colosse de 140 kg dans le climat humide de la Caroline du Sud.

C’est désormais l’été. De retour à Aiken, son frère Darryl se souvient l’avoir vu aspirer 6 canettes de bière comme s’il s’agissait d’une gorgée d’eau minérale. Il met alors cela sur le compte de ses fréquentations du College, considérant le phénomène comme passager. Mais lorsque les Chicago Bears sélectionnent Perry au premier tour de la draft 1985 quatre années plus tard, il ne s’agit plus d’une plaisanterie.

Dès le début de la saison, William est un pion dans la lutte de pouvoir que se livrent Mike Dikta et Buddy Ryan. Dikta, le head coach des Bears a personnellement supervisé Perry et c’est lui qui a voulu le drafter alors que Ryan, le coordinateur défensif de l’équipe considère que c’est une grossière erreur. Bienvenu dans la NFL Monsieur Perry !

Perry au Monday Night
Perry au Monday Night
Quoi qu’il en soit, William a le support de sa petite amie du lycée, une certaine Sherry avec laquelle il s’est marié en 1982 alors qu’il était encore à Clemson. En 1985, les tourtereaux sont déjà parents d’une petite Latavia de 3 ans et Sherry attend un second bébé mais Bud Ryan ne compte pas sur Perry si ce n’est pour les équipes spéciales. Pas de problème pour notre homme, les responsabilités familiales lui ont permis de murir et de développer une certaine forme de persévérance.

C’est alors que Dikta a une idée à la fois terrible et géniale. Face aux Packers lors d’un Monday Night le 21 Octobre 1985, le coach décide de faire jouer le gamin en attaque ! Après réflexion, si quelqu’un dans l’équipe a le profil d’un Fullback bloqueur c’est bien le Fridge ! Avec tous le pays devant son poste de télévision, voici Perry sur le terrain sur une situation de Touchdown à 2 yards de l’en-but. Le voilà aligné à la droite du grand Walter Payton. Sa mission est simple, il s’agit d’éliminer tout LBLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive.
se présentant entre lui et la ligne d’en-but. La victime désignée est le LB de Green Bay Georges Cumby.

« C’était comme si un 35 tonnes cartonnait une Wolkswagen » rapporte le Fridge hilare. « J’ai cru qu’il allait le tuer » affirme un de ses coéquipiers de l’époque. Cumby ne fut d’ailleurs plus vraiment le même joueur après cet épisode. Payton inscrit le Touchdown les yeux fermé sur l’action et remet le couvert quelques instants plus tard sur une action similaire avec un nouveau block de Perry.

A suivre ...

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 Il était si dur de travailler pour Lombardi que gagner les matchs était facile.  – Willie Davis, Packers lineman

En VO :  Vince Lombardi was so tough to work for that winning was the easy way out. 

Citation décalée proposée par micky pour 10 Bzh. Suggérer une citation réelle ou fictive pour 10 Bzh !