UsFoot School #4 : l'Eye-paint

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le 23/12/2010 à 01:26 par Thomas Depaepe
Mise à jour du 23/12/2010 à 01:36

Après vous avoir parlé des différents bandeaux que portent les joueurs NFL, je poursuis aujourd’hui l’USFOOT School avec la question des lignes noires que les joueurs appliquent sous leurs yeux ; en anglais on appelle ces peintures de guerre Eye-paint. Comme je pense que tout le monde a plus ou moins une idée de leur utilité, je vais essayer de prendre la question d’une manière large.

 

La première raison, la plus scientifique, est de réduire l’éblouissement et d’augmenter le contraste. En effet, les joueurs portent un casque, avec une grille plus ou moins massive, ce qui induit une visibilité restreinte en terme de champs de vision, donc tout ce qui peux les aider à avoir un avantage visuel est bon à prendre : il serait en effet dommage de rater une réception ou un plaquage parce qu’on est ébloui ou parce que l’on « perd » le contraste car la lumière aveugle. Grace à ces traits noirs, on n’efface pas totalement l’éblouissement mais on le minore beaucoup.

En 1993, une étude ophtalmologique (conduite par les Docteurs Brian Debroff  et Patricia Pahk) a tenté de déterminer l’impact de ces bandes et ce qui était le plus utile entre le trait de graisse noire (qui est utilisé par la grande majorité des joueurs), les bandes autocollantes noires (à la Tebow), la graisse à base de pétrole, le fait de se maquiller le tour des yeux en noir ou le fait de ne rien avoir. Et les conclusions sont évidentes et double : premièrement avoir du noir au dessous des yeux (même le maquillage) réduit très notablement l’éblouissement. Deuxièmement, le meilleur produit est la graisse noire utilisée par la majorité des joueurs ; les stickers se classant juste derrière. Le problème de la graisse c’est qu’elle s’en va avec la transpiration, la pluie ou lorsque l’on s’éponge avec une serviette, ce qui n’est pas le cas des stickers…

Donc si l’intérêt visuel de ces traits noirs n’est plus à démontrer, l’usage de ces Eye-paint ne s’arrête pourtant pas à cela. Citons quelques exemples.

Il y a évidement l’usage biblique qu’en fait Tim Tebow, mais cela pourrait aussi être utilisé par des marques (comme Reebok qui est l’équipementier de la ligue). Rappelons que Tim Tebow utilise des stickers qu’il personnalise en y inscrivant des versets de la bible autant par prosélytisme que pour se donner toutes les chances de son coté (d’après ce qu’il croit) ; cela s’adresse autant à ses adversaires qu’au public qui ne peut y échapper sur les plans télévisuels. Maintenant à part Tebow peu de joueurs en font cet usage en NCAA, et aucun en NFL. Même Tebow ne le fait pas encore car la ligue a indiqué qu'elle n'y étais pas franchement favorable.

Les versets bibliques de Tebow en NCAA
Les versets bibliques de Tebow en NCAA

L’autre usage est à la limite du sportif et de la croyance (mais pas au sens religieux) ; on sait tous que certains défenseurs cherchent tout le temps les yeux du quarterbackQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
adverses, et l’inverse est vrai. Citons par exemple Polamalu qui a l’habitude de ne jamais lâcher du regard les yeux du quarterback pour deviner sa pensée ; certaines fois cela dérive en intox visuelle comme ca a été le cas entre Troy Polamalu et Drew Brees cette année. Dés lors certains joueurs souhaitent se soustraire au regard adverse : soit ils optent pour la visière, soit ils optent pour le noir autour ou en deçà des yeux. En effet, le regard est plus difficile à déchiffrer et cela complexifie le travail d’analyse. J’avais lu une interview de Drew Brees (qui joue en dôme donc sans soleil éblouissant) ou il expliquait qu’il portait ses marques noires pour cet ussage. Maintenant aucune étude scientifique n’a jamais prouvé exactement cet effet.

Après il y a l’usage Ravens qui est entre masquer son regard et la peinture de guerre. Pensez en effet à Ray Lewis, Terrell Suggs, Ray Rice et quelques autres qui arborent une sorte de corbeau noir sous les yeux. La taille de la marque est totalement déconnectée de l’usage anti-éblouissement et a une volonté claire d’effrayer. On est là typiquement dans la peinture de guerre des indiens : impressionner l’adversaire. On sait que le noir n’est pas une couleur gaie et donc dans un sport ou tous les détails comptent, ce noir massif au niveau du visage peu permettre de mettre encore davantage en lumière son coté enragé, sa violence… d’autant qu’avec les protections comme le « mouth-guard » les yeux sont de plus en plus l’endroit d’où partent les émotions des joueurs. Une ligne de départ d’action n’est pas si large que cela ; les qb ne sont qu’à quelques mètres des défenseurs alors voir un Terrell Suggs avec un visage peint de noir et des yeux « méchant » cela joue forcément psychologiquement. En plus dans le cas des ravens, c’est presque un rituel collectif avec plusieurs joueurs qui se font les mêmes peintures de guerre avant le match.

Pour ceux qui s’en rappellent cet usage a été popularisé par l’ancien DT des Vikings John Randle !

John Randle
John Randle

Par contre ce week-end, j’ai vu un défenseur des Giants n’arborer cette marque que d’un coté, et là j’avoue ne pas être sur de l’utilité. Il change la marque de coté à chaque changement de terrain ? Il fait des économies et a choisi un coté à pile ou face ?

 

Voilà j’espère que cela répond aux questions que vous vous posiez… A bientôt !

 

Pour mémoire, le cours 1 : la pastille verte.

le cours 2 : la visiére

le cours 3 : les bandeaux sur les bras

 

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 Je n'ai jamais vraiment perdu un match dans ma carriére, j'ai juste manqué de temps certaines fois.  – Bobby Lane

En VO :  I never really lost a game in my career, sometimes I just ran out of times. 

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