Ces chers disparus. Episode 2 Les Jets de Paris/St Cloud

Jets 1990
Jets 1990
le 30/06/2014 à 14:06 par Olivier Rival

Second épisode sur les grands clubs disparus avec un retour aujourd’hui sur le parcours des Jets de Paris et de St Cloud.

Les débuts du foot us à la française ont été marqué par la rivalité Spartacus-Anges Bleus que Belette avait très bien racontée il y a quelques années : http://elitefoot.com/france/archives/angesbleus/angesbleus.htm , rivalité née du départ des frères Perelli du Spartacus de Laurent Plegelatte pour créer un club plus à leur image. En ce début des années 80, le football à la française est à l’image du pays. Dans la suite de mai 81 et l’élection de Mitterrand il est marqué par une très forte politisation de la société. Plegelatte ne cache pas ses opinions très à gauche et ça ne passe pas forcément très bien avec tout le monde. Quand le Spartacus est organisé comme un collectif trotskiste les frères Perelli rêvent d’Amérique et de liberté et logiquement claquent la porte fin 81. La création des Jets un an plus tard sera elle aussi marquée par un divorce autant politique que sportif.

Stéphane Garnier à l’origine de ce club était arrivé au Spartacus un peu plus tôt. Ce natif de Bar le Duc avait grandi en bordure de la base américaine de la ville lorraine et avait suivi avec enthousiasme le retour en France d’un sport qu’il avait pratiqué gamin avec les jeunes fils de GGuard
homme de la ligne offensive placé à droite et à gauche du center. Il doit protéger le QB et creuser des brèches aux RB.
.I s. A presque trente ans, déjà dirigeant d’entreprise, il a, avec quelques autres Spartacus, du mal à s’intégrer dans un club que Plegelatte domine par son charisme et dirige de haute main. N’adhérant pas à la méthode « comité central » il décide alors avec le coureur  JP Coste, le LBLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive.
Walter Lando (tous deux membres de la première Equipe de France de l’Euro 1983) et Eric Jacobson de monter leur propre club. Les Jets sont nés. Avec une ambition un peu moins sportive et aventurière que les Anges mais plus tournée « entreprise », sérieux, « pro ».

Ils choisissent le vert comme couleur car alors portée par aucune des équipes existantes et s’inspirent des Jets de New York pour le look. (En obtenant même l’accord de la franchise NFL pour le faire !). Cherchant à paraitre le plus « pro » possible ils imposent des règles internes strictes notamment sur les tenues (mêmes chaussures, mêmes chaussettes, logos de caques impeccables) et se font rapidement surnommés par les autres clubs : « L’Armée ». Les « Paris Jets » (c’est comme ça qu’ils préfèrent s’appeler) jouent à la Cipalle dans le Bois de Vincennes autour duquel la plus grande partie du football français est alors concentrée (Le Spartacus est encore à Pershing, les Anges sont à Montreuil, les Météores déjà au Fontenay, les Rangers peu après s’entraineront à Saint Mandé…).

Le club obtient assez vite de bons résultats et essaie de porter la bonne parole du foot US en dehors de son berceau parisien. Ils joueront ainsi à Clermont, Lons le Saunier, Montpellier, Lille ou Rouen au cours des années 80. Ils obtiennent aussi quelques moyens avec le sponsoring de Converse (qui à l’époque domine le marché de la chaussure en NBA et produit des chaussures de football) et l’aide du journaliste Patrice Drevet (oui encore lui !).

En 1985 ils gagnent le championnat dans une saison particulièrement mouvementée et atypique. Au summum de la rivalité Spartacus-Anges Bleus l’équipe de Montreuil, championne 84, est exclue du championnat pour « professionnalisme » (voir article de Belette), mais l’équipe de Plegelatte est surprise en demie-finale par les Challengers en prolongation. Se sentant floué par l’application de règles assez imprécises en prolongation, le Spartacus se rebelle et décide de perturber la finale entre Challengers et Jets à Jean Bouin. Le fameux « sitting » (Les joueurs du Spartacus occupent une des end-zones du terrain) entrainera le report de la finale au mardi soir (!) suivant. C’est donc presque en catimini que les Jets connaissent leur jour de gloire en battant les Challengers 6-0 pour ce titre de champion.

En 1986 ils profiteront de ce titre pour être le premier club français présent en Eurobowl  créé cette même saison. Un tournoi de qualification pour les demies-finale est organisé à Eindhoven aux Pays Bas. Partis à 22 avec leur coach québécois ils battent l’équipe locale puis les Crocodiles de Cologne mais épuisés doivent s’inclinés en finale contre les Doves de Bologne (futurs finalistes et disposant d’une armada d’américains issus des bases militaires de la région)  44 à 0. Cette expérience à l’étranger ne sera pas sans suite : L’année suivante ils iront affronter en amicale à Dunkerque les Ravens de Londres avant de se déplacer dans la capitale anglaise pour un match retour.

1987 sera encore une belle saison avec une qualification pour la finale du championnat. Après une demie finale gagnée 18-12 à Montpellier contre les Argonautes ils affrontent en finale l’autre équipe qui monte dans le football français et qui va dominer avec les Aixois le championnat pendant de nombreuses années: Les Castors de l’ETP. Pour leur premier titre les Castors sont sans pitié et s’imposent 75-0.

A la fin de cette saison plusieurs membres fondateurs décident de passer le relais et comme cela sera le cas alors pour pas mal d’autres clubs «pionniers » du football français à ce moment-là (All Stars, Challengers, Squales…) le club va doucement s’endormir. Désormais basés à Saint Cloud, les Jets perdent peu à peu leur identité (jusqu’à avoir des chaussettes dépareillées me fera remarquer Stéphane Garnier en regardant des photos de 89-90 !). Ils font encore quelques bonnes saisons avec notamment des playoffs en 89 et 90 mais finalement ils fusionneront en 1992 avec le jeune club du Sphinx du Plessis Robinson (créé en 1988). L’apport des anciens Jets sera d’ailleurs palpable puisque dès cette saison là le Sphinx atteint la finale du Championnat. Le Plessis fusionnera lui deux ans plus tard avec les Castors et connaitra encore de bien belles choses…

L’aventure des Jets s’arrête donc après 10 mais non sans avoir fait passer le virus à d’autres qui feront grandir ensuite notre sport.

Merci à Stéphane Garnier pour son aide

Photos : Archives Anges Bleus, logo recréé par Eric Serouart.

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 La force est importante. Mais la première chose est de connaître votre adversaire. Si vous le connaissez lui et ce qu'il aime faire, et que vous essayez de l'en empêcher, de le forcer à tenter autre chose, alors vous avez déjà remporté la moitié de la bataille.  – Jonathan Ogden

En VO :  Strength is important. But the number one thing is knowing your opponent. If you know your opponent and what they like to do, and you try to take that away from them, force them to another move, then that's half the battle right there. 

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